Mon objectif sera de renforcer la francophonie, de la faire progresser et s'épanouir encore davantage, dans ses différentes dimensions. Cela signifie de manière concrète, de réunir les sommets des 47 Chefs d'Etat et de gouvernement qui la composent et dont le prochain se tiendra à Cotonou en décembre 1995. Le sommet est, en effet, l'organe d'impulsion de toute la francophonie et tout doit partir de lui. Ce sont les Chefs d'Etat de gouvernement réunis qui définissent les grandes orientations politiques et la coopération entre deux sommets, ceux-ci ayant lieu tous les deux ans. La francophonie doit ainsi être présente sur la scène internationale, se faire entendre dans les grandes organisations et conférences internationales, faire respecter dans le monde la place du français, son patrimoine partagé.
La francophonie doit aussi être un instrument de solidarité, donc de développement pour les moins avancés d'entre nous, ajoutant une dimension particulière aux autres coopérations notamment bilatérales, moins en faisant du développement direct qu'en favorisant les conditions du développement et de la démocratisation par la formation notamment, qui est à la base du développement durable. La francophonie enfin, ne doit pas, me semble-t-il, rester figée dans des dimensions actuelles de 47 membres depuis 1991. Il faut envisager son élargissement à d'autres Etats pour lesquels, comme un certain nombre de nos membres actuel, le français n'a pas le statut de langue officielle, mais qui lui réservent une place importante et qui adhèrent à nos objectifs et valeurs communes.
1880 : Le terme de "francophonie" est inventé par le géographe Onésime Reclus (1837-1916).
Il définit l'ensemble des personnes et des pays utilisant le français à des titres divers.
1950 : Création de l'Association internationale des journalistes de la presse de langue
française (AIJPLF), première organisation se réclamant de la francophonie.
1960 : Selon l'expression du poète et président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor,
la francophonie apparaît comme un "merveilleux outil" à de nombreux Etats africains qui accèdent
à l'indépendance. La notion s'impose avec les années de la décolonisation. De Niamey à Brazzaville,
d'Abidjan à Libreville, de Lomé à Dakar et de Bamako à Yaoundé, le français demeure la langue
partagée. Une langue également commune à d'autres peuples dispersés sur les cinq continents.
1960 : Des personnalités comme Hamani Diori, Habib Bourguiba, Norodom Sihanouk et
Léopold Sédar Senghor proposent alors de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux
de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques. Le
Général de Gaulle refuse à l'époque cette proposition, considérée comme prématurée.
1960 : Constitution d'organismes francophones spécialisés : la Conférence des ministres
de l'éducation nationale (CONFEMEN), la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports
(CONFEJES) et l'AUPELF (Association des universités partiellement ou entièrement de langue
française).
1965 : Signature d'un accord bilatéral de coopération entre la France et le Québec dans
le domaine de l'enseignement.
1966 : Création du Haut comité pour la défense et l'expansion de la langue française.
1967 : Constitution de l'Association internationale des parlementaires de langue française (AIPLF).
1967 : Création du Conseil international de la langue française (CILF).
1969 : Création de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF).
1970 : Lors de la conférence de Niamey, création du premier organisme
intergouvernemental de la francophonie : l'Agence de coopération culturelle et technique
(ACCT). La charte créant l'Agence est signée par 21 pays, le 20 mars 1970.
1975 : Léopold Sédar Senghor réclame un "sommet francophone". Il ne sera pas entendu.
1977 : Au Québec, après l'adoption en1977 de la loi 101 qui fait du
français la seule langue officielle, est créé un Conseil de la langue française.
1979 : Création de l'Association internationale des maires et responsables des capitales
et métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF).
1984 : Création du Haut conseil de la francophonie.
1984 : Première diffusion de TV5.
1986 : Premier Sommet francophone à Paris. 41 pays sont représentés et décident de
coopérer dans les secteurs de la culture, de la communication et des industries de la langue.
1987 : Deuxième Sommet francophone à Québec (2-4 septembre) qui établit la cadence
biennale des Sommets. A cette occasion, ouverture de la première université multilatérale à l'échelle
de 40 pays, l'Université des réseaux d'expression française (UREF). De nouveaux champs de
coopération se développent, notamment en matière d'agriculture et d'énergie avec la création de
l'Institut de l'énergie des pays ayant en commun l'usage du français (IEPF).
1988 : Première journée internationale de la francophonie (en référence à la création de
l'ACCT en mars 1970).
1989 : Troisième Sommet francophone à Dakar (24-26 mars), celui de la maturité. La
France décide alors de renoncer au paiement de la dette publique qui pèse sur 35 pays d'Afrique.
Création en France du Conseil supérieur de la langue française et de la Délégation générale à la
langue française.
1989 : Création de l'Université Senghor d'Alexandrie, grâce au mécénat, à la contribution
financière des pays francophones et aux conditions exceptionnelles offertes par le gouvernement
égyptien.
1991 : Sommet de Chaillot à Paris, le 19 novembre. Rassemble alors près de
50 pays et gouvernements. Le Cambodge, la Bulgarie et la Roumanie sont admis comme
observateurs. Le Sommet décide de la "primauté du politique" et institue le Conseil permanent
de la francophonie (CPF) composé des représentants des chefs d'Etat et de gouvernement.
Annonce de l'ouverture de TV5 en Afrique.
1993 : Sommet de Maurice (16-17 octobre). A cette occasion est approuvée une
résolution commune sur l'exception culturelle dans les négociations du GATT.
1995 : VIe Sommet francophone, prévu à Cotonou (Bénin) pour les 2 et 3 décembre.
Il faut distinguer les francophones réels des francophones occasionnels et des francisants.
- 105 millions de francophones réels : ils ont du français (langue première, seconde ou d'adoption) une maîtrise courante et en font un usage habituel.
- 55 millions de francophones occasionnels, dans l'espace francophone : leur pratique du français est limitée soit par une maîtrise rudimentaire ou spécialisée, soit par un usage circonstanciel.
- Plus de 100 millions de francisants, hors de l'espace francophone : ils ont appris ou apprennent le français pour communiquer avec des étrangers.
- 4 utilisateurs du français sur 10 sont vraiment francophones.
- 4 francophones sur 10 ont le français pour langue seconde.
Dans tous les pays du monde mais :
- 9 sur 10 vivent dans les pays membres de la Communauté francophone, soit une cinquantaine d'Etats.
- 9 sur 10 vivent en Europe et en Afrique.
- 85 % vivent dans 10 pays : France, Algérie, Canada, Maroc, Belgique, Côte d'Ivoire, Tunisie, Cameroun, Zaïre, Suisse.
- Les pays les plus francophones (plus d'un quart de la population) sont, outre la France, Monaco et le Luxembourg : l'Algérie, la Belgique, le Canada, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Liban, l'Ile Maurice, la Tunisie et le Vanuatu.
- Les régions les plus francophones (plus de 10 % de la population) sont le Maghreb (24,7 %), l'Europe de l'Ouest (17,5 %), l'Océan Indien (13,2 %), et l'Afrique francophone subsaharienne (10,1 %).
- 1 francophone sur 2 vit en dehors de la France.
- 3 francophones sur 10 vivent dans un pays en développement.
Un poids économique, culturel et politique lié au potentiel de la Communauté francophone et à la diffusion internationale du français, seule langue, avec l'anglais, à être enseignée dans presque tous les pays du monde.
Du point de vue démographique :
- 10 langues comptent plus de locuteurs (langue première ou seconde) que le français : le chinois mandarin, l'anglais, l'hindi, le russe, l'espagnol, le bengali, le portugais, l'arabe, le malais, le japonais.
- 5 % de la population mondiale utilise le français comme langue première, seconde ou étrangère.
- Moins d'un européen sur 10 est francophone mais près de 2 francophones sur 10 sont en Europe de l'Ouest.
Les francophones représentent :
- 2 % de la population mondiale.
- 21,4 % de la population de la Communauté francophone.
La Communauté francophone représente :
- 8,5 % de la population mondiale.
- 1/4 des états du monde.
© Ministère des Affaires Etrangères, Octobre 1995